Les accords internationaux peuvent aussi avoir des
effets secondaires indésirables
La réduction des émissions des gaz à effet de
serre fait l’objet du Protocole de Kyoto qui n’a
toutefois pas de pouvoir contraignant ni pour le plus gros
producteur de gaz à effet de serre que sont les USA (qui ne
l’ont jamais ratifié) ni pour les pays émergents
et en voie de développement. De plus, la durée de ce
protocole est limitée (pour l’instant) à la
période de 2008 à 2012 et aucun accord n’a pu
être atteint sur la prolongation de son application.
Autrement dit: la nette augmentation des émissions globales
de HFC enregistrée ces dernières années
pourrait bientôt venir annuler le
««bénéfice climatique»
apporté par l’interdiction des HCFC par le Protocole de
Montréal.
L’existence de cette relation est étayée dans
une étude publiée dans le dernier numéro de la
revue scientifique «Science». Dans cette étude,
une équipe internationale de chercheurs, placée sous
la direction du Hollandais Guus Velders et dont faisait aussi
partie, à côté du prix Nobel de chimie Mario
Molina, le chercheur de l’Empa Stefan Reimann, a tout
d’abord déterminé le bénéfice
climatique «involontaire» du Protocole de
Montréal. Depuis l’an 2000, le forçage radiatif
– une grandeur de mesure des effets des substances chimiques
sur le climat – de toutes les substances endommageant la
couche d’ozone, y compris les HCFC, est resté plus ou
moins constant avec 0.32 W/m2 (à titre
comparatif: pour le CO2 cette valeur était de 1.5
W/m2); sans le Protocole de Montréal, cette
valeur atteindrait le double, soit 0.65 W/m2. En
d’autres termes: l’interdiction des HCFC a permis
d’économiser en 2010 l'équivalent de 10
milliards de tonnes de CO2 – soit cinq fois
l’objectif de réduction annuelle fixé dans le
Protocole de Kyoto.
Velders, Reimann et leurs co-auteurs craignent que ce
bénéfice ne soit bientôt annulé par la
croissance annuelle de 10 à 15 pour-cent des
émissions de HFC et ils considèrent que la
contribution des HFC au changement climatique est un effet
secondaire indésirable du Protocole de Montréal.
Cette contribution est actuellement certes encore faible, au total
pour toutes les substances de substitution des HCFC juste 0.012
W/m2. Mais il ne fait aucun doute que le forçage
radiatif des HFC va nettement augmenter à l’avenir du
fait d’un accroissement de leur demande et de leur production,
principalement dans les pays émergents et dans les pays en
voie de développement. Les scientifiques de
l’atmosphère estiment que cette valeur pourrait se
situer entre 0.25 et 0.4 W/m2 en 2050. Parmi les HFC, se
sont avant tout les HFC saturés qui font problème car
ils sont extrêmement stables et peuvent persister
jusqu’à 50 ans dans l’atmosphère.
C’est aussi pourquoi leur potentiel de réchauffement
global à long terme est jusqu’à 4000 fois plus
élevé que celui du CO2. Pour le chercheur
de l’Empa, Reimann, il est donc clair que les HFC à
longue durée de vie ne devraient plus être
utilisés avec une telle ampleur.
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