Sans effets secondaires dans le corps

Pour que les plaies chroniques se referment

26 août 2013 | STEFAN KYORA
Une idée étonnante: un support cellulaire en polymère que les cellules colonisent et qui ensuite se résorbe. En l’espace de deux ans seulement la firme lucernoise Nolax et l’Empa ont développé ce projet jusqu’au stade de la validation du concept. Récemment le projet a été nominé pour le CTI MedTech Award 2013.
https://etif.empa.ch/documents/56164/260886/a592-2013-08-29-b0x+stopper+MM-Wundschaum.jpg/d3533e96-e499-4ecc-be95-7d6ec1dadbb8?t=1448296370000
 

Source: Alessandro Della Bella, KTI

 
Dans le monde, plus de 50 millions de personnes soufrent de plaies chroniques. Un nombre qui va continuer de croître car ce sont souvent les personnes âgées, affaiblies par des maladies telles que le diabète, qui sont touchées. Et c’est précisément ce groupe de la population qui est en augmentation dans le monde entier.
 
Avec leur projet CTI «Revcel», la firme lucernoise Nolax et l’Empa franchissent un pas important vers l’atténuation de ce problème. En commun elles ont poursuivi le développement d’un support cellulaire, aussi appelé «scaffold», en polymère qui soutient le corps dans la cicatrisation des plaies. Ce scaffold – un petit coussin spongieux en polyuréthane – est placé sur la plaie. Il est alors peu à peu colonisé par des cellules conjonctives alors que simultanément le polymère se résorbe. Il ne reste alors plus qu’une couche de peau nouvellement formée.
 

 
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Source: KTI, Alessandro Della Bella
  Arie Bruinink et son équipe ont contribué au développement du pansement mousse avec leur savoir-faire.
 

 
Il existe certes déjà sur le marché des supports cellulaires. Ils sont toutefois confectionnés à partir de produits d’origine animale, ce qui les rend chers et comporte un risque de transmission de maladies; deux désavantages qui n’existent pas avec le choix d’un polymère comme support.
 
Nolax possède une expérience de plusieurs décennies dans le domaine des polymères et commercialise depuis longtemps des produits pour des applications médicales. En 2009, cette PME lucernoise a déposé un brevet pour son concept de scaffold. «Nous avions toutefois besoin d’un partenaire pour la poursuite de son développement jusqu’au stade de la validation du concept», explique Andreas Dobmann de la firme Nolax. Le partenaire adéquat a été trouvé à l’Empa à St-Gall où la direction du projet est assumée par Arie Bruinink, un biologiste cellulaire et toxicologue possédant une grande expérience des tests de compatibilité.
 
Et c’est ce savoir-faire dont on avait besoin. Des tests avec des cultures cellulaires devaient permettre d’optimiser ce scaffold pour qu’il soit dénué de toute toxicité, que les cellules le colonisent et que finalement il se résorbe totalement et sans effets secondaires dans le corps.
 

Les tests développés par l’Empa étaient particulièrement proches de la réalité. L’équipe de Bruinink a par exemple produit avec un procédé complexe des amas de cellules tridimensionnels et a vérifié si des cellules de ces amas colonisaient le scaffold. «Ceci correspond nettement mieux aux conditions réelles sur une plaie qu’avec les tests actuellement courants utilisant des cellules isolées» explique Bruinink.

 

 
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Source: Alessandro Della Bella, KTI
  Avec un procédé complexe Bruinink et son équipe ont produit des amas tridimensionnels de cellules pour tester la tolérance cutanée de la mousse.

 

 

 

«Sur la base des résultats de ces tests, nous avons sans cesse adapté la formulation et la structure du scaffold», explique Stephan Häfner qui assumait la direction du projet chez Nolax. Ces deux équipes ont travaillé avec une rapidité considérable; au total plus de cent séries de tests ont été réalisées.

 
Les résultats ont finalement été vérifiés sur le modèle animal par Brigitte von Rechenberg au Tierspital de Zurich. Avec une conclusion convaincante comme le relève Arie Bruinink: «La fermeture des plaies avec ce scaffold fonctionne même encore mieux que nous l’avions espéré au début.
 

Actuellement Nolax a lancé une production de ses scaffolds pour des essais cliniques. Et Andreas Dobmann est optimiste: «A côté du traitement des plaies chroniques, d’autres domaines d’application se dessinent déjà à l’horizon».

Texte: Stefan Kyora / CTI

 
 
 

Nominé pour le CTI MedTech Award 2013
Cet été, le projet Empa «Revcel» a été nominé pour le CTI MedTech Award 2013 avec deux autres projets parmi près de deux douzaines de candidats. Le prix a été attribué le 27 août 2013 au projet CTI de l’entreprise CAScination et de l’ARTORG Center for Biomedical Engineering de l’Université de Berne qui ont développé conjointement un système de navigation pour les opérations du foie permettant aux chirurgiens de localiser avec précision les tumeurs métastatiques afin de les détruire.


 

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